L’histoire d’une belle rencontre entre des élèves et une autrice, Valentine GOBY

Le mardi 5 avril après-midi, les élèves de 6è5, accompagnés de leurs professeurs Mme RIVAL et Mme BAER, ont eu la chance de passer un excellent moment avec la très sympathique autrice de L’Anguille, roman qui fait partie de la sélection du Prix Litterado 2022 auquel participe la classe du collège. La rencontre s’est déroulée à la médiathèque Sud d’Illkirch. Les élèves vous révèlent ce qu’ils ont appris sur la vie passionnante de cette femme écrivain née en 1974.

Sa vie personnelle

Valentine Goby est originaire de Grasse, ville des Alpes-Maritimes située entre mer et montagne, mais avec une préférence pour le côté montagne, pour ce qui la concerne.

En effet, ses deux loisirs favoris sont le ski et la randonnée. Enfant, elle avait besoin de la montagne pour l’air pur car elle est asthmatique et ses parents y avaient acheté un chalet pour que la famille puisse y séjourner très régulièrement. Elle y faisait d’ailleurs de mémorables batailles de boules de neige lors desquelles elle battait son frère !

Valentine Goby a ensuite débuté des études de médecine, mais cela n’a duré que deux mois car ça ne lui a pas plu. Elle s’est réorientée vers l’Institut d’Études Politiques de Paris mais a choisi d’interrompre temporairement sa formation pour suivre son amoureux qui faisait son service militaire au Vietnam où elle retournera, avec lui, pour un séjour de trois ans, ainsi qu’aux Philippines pour un travail humanitaire. Elle a ensuite exercé le métier de professeur de français. Elle ne gagne sa vie grâce à l’écriture que depuis dix ans.

Elle a commencé à écrire parce que sa mère lui racontait des histoires à partir de personnages qu’elle peignait sur les murs. Au fur et à mesure où Valentine grandissait, sa maman repassait une couche de peinture pour inventer toujours de nouveaux personnages. Apprendre à écrire a été très important pour elle, car ainsi elle a pu garder des traces des histoires qu’elle inventait. Quand elle était au collège, il n’y avait pas vraiment de littérature jeunesse, on passait rapidement aux classiques. C’est pourquoi il était impossible pour elle à l’époque de s’imaginer autrice : les auteurs étaient pour elle des hommes vieux ou morts, elle n’en avait jamais rencontrés. Elle est d’autant plus heureuse d’écrire aujourd’hui pour les adolescents et de pouvoir les rencontrer.

Ses trois plaisirs d’autrice sont de voir le monde avec des yeux différents, de faire de belles phrases et rencontrer ses lecteurs.

Ses habitudes d’écriture

Valentine Goby

Valentine Goby met globalement six mois pour écrire un livre, sauf pour Murène (quatre ans) car elle a pris un an pour mener à bien ses recherches sur le handicap et handisport, le milieu médical, etc…

Notre autrice dit n’avoir aucune habitude de travail mais préfère écrire le matin entre 7h et 13h. Les deux ou trois premiers mois, elle écrit d’affilée, dans sa bulle, sans regarder l’heure, jusqu’à la quarantième page à peu près, car là elle tient son roman et a les fondations. Elle n’écrit jamais en juillet et en août car elle va faire des randonnées en montagne.

Valentine Goby travaille à l’ordinateur car elle fait énormément de ratures et tape plus vite qu’elle n’écrit à la main, donc cela lui permet aussi de ne pas perdre une idée. Il lui arrive aussi, grâce au texte numérique, de changer l’ordre de ses chapitres. Bien qu’ancienne professeure de français, elle vérifie l’orthographe et le genre des mots dans le dictionnaire, et doit souvent reprendre des fautes de majuscule (elle a ainsi appris que le « Massif du Mont Blanc » s’écrit avec des majuscules, contrairement au « sommet du mont Blanc » qui prend une minuscule). Elle affirme aussi que de ne pas être bon en orthographe n’est pas du tout un obstacle pour devenir écrivain, il suffit d’avoir de l’imagination. Dans ses livres, elle aime trouver des images parlantes et originales. C’est important dans le travail d’écrivain : parvenir à dire le quotidien de manière différente.

Valentine Goby définit l’inspiration comme ce qui fait se rencontrer le dedans (la sensibilité, les émotions) et le dehors (l’extérieur, comme par exemple une personne, une histoire racontée, une information entendue, un article lu…).

Le roman L’anguille, sélection du Prix Litterado 2022

La couverture de L’Anguille
(Ed. Thierry Magnier)

C’est l’histoire de Halis et de Camille. Halis, presque treize ans, est prisonnier de sa timidité et d’un corps obèse qui lui vaut de constantes railleries. De son côté, Camille, presque douze ans, est née sans bras. Elle arrive en plein milieu de l’année dans le collège de Halis pour cause de déménagement, et apprend à être dévisagée telle une bête curieuse. Tous deux sont des êtres différents. Mais Camille l’anguille, comme ses camarades la surnomment, est une fille solaire, enjouée.Une amitié puissante se noue entre eux, qui, loin des stéréotypes, fait des singularités de chacun une force.

Le thème de ce livre a été inspiré à Valentine Goby par son précédent, Murène, roman pour adultes écrit en 2019 qui retrace l’histoire d’un homme qui a perdu ses bras lors d’un accident. Cette idée lui est venue une nuit d’insomnie de septembre 2016 : vers 2h du matin étaient retransmis à la télé les JO paralympiques du Brésil, où elle a vu une épreuve de natation réalisée par des nageurs avec un handicap aux bras et remportée par un athlète sans bras : ZHENG Tao. Elle a alors ressenti cette émotion dont elle parle dans sa définition de l’inspiration, puisqu’elle a été saisie à la gorge, chagrinée aussi, parce qu’elle s’est d’abord dit qu’ils devaient avoir une vie abominable, puis elle a été émue par ces corps magnifiques auxquels finalement il ne manque rien puisqu’ils sont remplis de talent. Son admiration pour ces hommes a déclenché en elle une volonté de raconter une histoire dans laquelle un homme va devoir accepter son corps et trouver sa place dans le monde. Pour pouvoir se mettre dans la peau de son personnage et être au plus près de la vie des gens sans bras, elle a passé une journée à Lille avec David FOPPOLO, multiple champion de natation paralympique. C’est lui qui a donné naissance au personnage de l’ami de Murène et au personnage de Camille dans L’Anguille.

La performance de ZHENG Tao lors de l’épreuve du 100m dos, aux Jeux paralympiques de Rio en 2016

La famille de Halis, quant à elle, est inspirée d’une famille de couturiers turcs qui vivaient au rez-de-chaussée de l’ immeuble de Valentine Goby et qu’elle appréciait beaucoup.

Pour elle, ce roman n’est pas un livre sur le handicap, mais sur la différence. Chacun est unique, on n’est pas tous bons dans tous les domaines : chacun rencontre des moments où l’on est empêché de réaliser quelque chose et où on a besoin des autres.

Valentine Goby a dédicacé ce roman à Elise, sa nièce, car elle adore les mangas, en dessine, et a beaucoup d’imagination. Elle a pensé à elle quand elle parle de mangas dans son roman.

Cette belle rencontre s’est terminée par une séance dédicace, pour le plus grand plaisir de tous nos jeunes lecteurs et admirateurs  !

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