Interview de Sandrine R., agente d’entretien du collège

Vous l’avez sûrement déjà croisée dans les couloirs du bâtiment scientifique : Sandrine R. travaille au collège Jean de La Fontaine depuis 11 ans. Cela fait 25 ans qu’elle travaille dans des établissements scolaires. Elle nous présente son métier qu’elle trouve très enrichissant et qu’elle a commencé à l’âge de 19 ans. Elle nous parle de ses conditions de travail, de ses journées, de son équipe, de son salaire, de ses blessures…

Photo de Sandrine R.
Sandrine R. assure l’entretien du bâtiment scientifique

Que faites-vous comme métier ?

Je suis adjointe technique territoriale : ce métier permet de travailler dans des bureaux, à l’entretien ou à la demi-pension (= la cantine).

Pendant huit ans, j’ai travaillé dans un bureau d’accueil : je faisais du tri postal, je répondais au téléphone, je faisais du tri de documents…

Maintenant, je travaille seule dans le bâtiment scientifique du collège. Je m’occupe de l’entretien régulier des locaux. Et s’il y a du personnel absent, j’aide à la demi-pension. Je veille à la sécurité des élèves et du personnel : s’il y a du matériel cassé, je le signale pour qu’il soit réparé.

Est-ce qu’on travaille forcément dans un établissement scolaire, quand on fait votre métier ?

Non, on peut travailler dans les bureaux du Département ou on peut demander un détachement pour travailler à l’hôpital par exemple. Je peux travailler à l’armée aussi, mais dans les bureaux ou au service cantine. Donc c’est très vaste.

Quels sont vos horaires ? Changent-ils souvent ?

J’ai de la chance : ils ne changent pas, je travaille le matin. Je commence vers 5h30 et je termine vers 15h. Dans d’autres établissements, mes horaires changeaient : parfois le matin, parfois le soir.

Votre métier vous plaît-il ?

Oui ! A la base ce n’est pas mon vrai métier, mais je l’ai choisi, entre guillemets. C’est enrichissant de travailler auprès des enfants, des adolescents. Le travail en lui-même est intéressant.

Votre travail est-il dur ?

On ne va pas dire dur, mais il n’est pas simple. Le bâtiment scientifique a une superficie de 2300 m² au sol, sans compter les murs et le mobilier. C’est beaucoup ! Normalement, on a entre 15 et 20 minutes par salle de classe, mais moi je ne peux pas, ce serait trop long : il y a beaucoup trop de superficie au sol ! Heureusement, je me suis battue pendant cinq ans pour avoir un moyen de nettoyage électrique : une auto-laveuse. Ça ne me fait pas gagner de temps, mais de l’énergie. Ce métier est plus dur en automne et en hiver : quand les élèves ont les chaussures pleines de boue ou de pluie, le sol se salit plus vite et je dois laver plus souvent, ça me fait plus de travail. C’est pour ça que je fais plutôt les vitres au printemps et l’été, car j’ai plus de temps.

Quel est votre salaire ?

Je travaille dans la Fonction publique territoriale, catégorie C. Avant, j’étais payée par l’Education nationale. Maintenant ça a été décentralisé : la Région paye pour les lycées et le Département pour les collèges. Le salaire dépend du grade et de l’échelon. Plus on travaille depuis longtemps, mieux on est payé. Ça dépend aussi des compétences, si on dirige une équipe par exemple. Je suis adjointe technique principale des collèges de deuxième classe. Je suis au 8ème échelon sur 12 et j’espère passer « hors-classe », c’est le maximum, avant mes 55 ans. Actuellement, mon salaire de base est d’environ 1460 euros nets. On a droit à des primes, comme le 13ème mois et environ dix tickets restaurant par an. En fin de carrière, il me semble qu’on gagne entre 1900 et 2000 euros nets.

Comment se passe une journée dans votre métier ?

Le matin je suis là entre 5h30 et 5h45. En début d’année, je demande les horaires des classes à la principale pour m’organiser, comme ça je fais en priorité les classes de ceux qui commencent à 8h. Je prépare mon matériel la veille. Les laboratoires passent en priorité : avant il y avait des aides-laboratoires, mais plus maintenant, donc j’ai dû apprendre à manipuler le matériel et à désinfecter. Je procède par étage, heureusement il y a un ascenseur, mais parfois il ne marche pas bien. Quand j’entre dans une salle, je commence par aérer, puis je nettoie le mobilier, ensuite le tableau et le sol, et enfin je vide les corbeilles. Après je m’occupe des sanitaires : je les fais une fois à fond et je repasse vérifier dans la journée. Ensuite je fais les escaliers et quand une salle de classe se libère, j’y vais pour « fignoler » : par exemple j’enlève les graffitis. A la fin de ma journée de travail, je consulte les emplois du temps des classes sur Pronote pour organiser ma journée du lendemain, je regarde s’il y a un professeur absent par exemple.

Après, s’il y a des collègues absents, je dois les remplacer. Ça arrive que je serve à la demi-pension le midi. La demi-pension est prioritaire, donc mes tâches habituelles le midi sont reportées. Je ne peux pas être partout !

Quelles sont vos conditions de travail ?

C’est pas toujours évident ! Il y a six ans, j’ai eu un accident : j’ai eu trois tendons de l’épaule droite sectionnés. Grâce à l’auto-laveuse je ne fais plus le sol de manière manuelle, c’est un soulagement…

auto-laveuse
L’auto-laveuse

A partir de 8h, je travaille dans le bruit car tous les élèves arrivent et vous êtes quand même environ 600 ! Quand vous vous chamaillez, quand vous criez c’est vraiment énervant et fatiguant ! Particulièrement en hiver, car des élèves chahutent dans les couloirs… A la fin de la semaine, je suis très fatiguée et je me couche à 20h30 !

Mais mes conditions de travail sont correctes : si je nettoie les salles c’est autant pour les élèves que pour moi, car c’est agréable de rentrer dans un bâtiment propre. J’ai aussi la chance de travailler au chaud, dans un bâtiment, et pas en extérieur.

Quelles études faut-il faire pour accéder à votre métier ?

A l’époque, il fallait au moins un CAP ou BEP. Maintenant, il n’y a plus besoin d’un diplôme particulier, mais il faut « un minimum de tête » : savoir s’organiser, anticiper…

Moi j’avais appris le métier de vendeuse. J’ai fait un CAP, puis un BEP mais le bac professionnel n’existait pas encore et j’ai passé le concours de l’Education.

Maintenant, il suffit d’envoyer un C.V. qui récapitule ses compétences et si on est accepté, on fait des stages pour apprendre le métier. Par exemple, Paola était stagiaire l’an dernier, elle a réussi et maintenant elle est titulaire.

En ce moment, c’est difficile d’entrer dans ce métier car ils préfèrent payer des sociétés privées qui coûtent moins cher plutôt que d’embaucher des nouvelles personnes. Dans le privé, je gagnerais plus d’argent, mais je n’aurais plus la sécurité de l’emploi.

Vous êtes vous déjà blessée au travail ?

Oui ! Je suis déjà tombée dans les escaliers en hiver parce que des élèves avaient fait une bataille de boules de neige et je m’étais fait une entorse à la cheville. Je n’ai pas pu travailler pendant 15 jours. Et l’année dernière des chaises me sont tombées sur les pieds parce qu’elles étaient debout sur les tables, j’ai dû aller à l’hôpital, j’avais un gros hématome ! La plus grosse blessure c’est l’épaule droite parce que je travaillais avec une brosse qui pesait 45kg qui tournait à 1000 tours/mn. En l’utilisant tous les jours, de manière répétitive, ça a usé mon épaule. Pendant les vacances, ça a craqué, j’ai été hospitalisée et opérée en urgence. Aujourd’hui je garde une faiblesse car des tendons ont été sectionnés. J’ai moins de force, j’ai dû faire 120 séances de kinésithérapie ! Heureusement, ça a été reconnu comme un accident du travail. Je suis droitière alors j’ai essayé de faire travailler le bras gauche, mais maintenant il fatigue aussi…

Êtes-vous seule à faire le ménage dans tout le collège ?

Non, on est neuf ! Quatre dans le bâtiment principal : Thierry, Michelle, Marie et Céline. Et dans l’équipe cuisine il y a Alain, Catherine et Pascal, le chef cuisinier.

Propos recueillis par les élèves d’U.L.I.S.

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